En Terre de Fang, Humains, Gnomes et Nains vivent en harmonie.
Du moins jusqu’à un certain point.
Celui où les Gnomes et les Nains commencent à se livrer à quelques chamailleries sans véritablement d’importance. Les uns reprochant aux autres de les copier, dans la mesure où les petits peuples travaillent avec art les trous de la terre, ce qu’on appellera plus tard grottes, galeries et autres souterrains. Les deux peuples revendiques chacun de leur côté leur appartenance au métier de pelletier si l’on peut dire. Et à la vérité, personne n’est capable de soutenir l’une ou l’autre cause par un fait historique : les deux peuples sont si anciens que l’on a perdu la trace de leur naissance et d’une bonne partie de leur histoire. Alors que l’on sait ce qu’il en est pour les humains, du petit poisson courageux et intrépide s’aventurant sur les berges, jusqu’à ce jour en passant par l’homo-sapiens. C’est dire !
Si seulement cette querelle s’en était arrêtée là. Il faut dire que le Gnome, très travailleur, n’a qu’un seul désir : être commandé. Si on ne sait remonter à l’origine de cette civilisation quasi lilliputienne, nous sommes désormais en mesure de dater l’origine du mot sadomasochisme. Quoi qu’il en soit, la principale activité des Gnomes est d’extraire les richesses de la terre pour les refourguer aux hommes, moyennant des ordres et rien d’autre.
Ce qui contrarie quelque peu le peuple Nain qui fait exactement la même chose mais contre des marchandises : victuailles, vinasses et vêtements, principalement. Lorsque les Hommes ont vu l’opportunité de s’enrichir pour rien, les Nains ont très rapidement vu leur confort décroître. Habiles sculpteurs, fins forgerons, les richesses qu’ils amassaient ne leur servaient presque plus à rien sinon à devenir fou à en engranger toujours plus.
Ce n’est pourtant pas à cause de cette brusque coupure de revenus que la guerre fut déclarée. Aussi perfides qu’ils soient, ou plutôt qu’ils ont pu apprendre à le devenir, les Nains ont décidé de faire quelques expéditions nocturnes afin de saccager les jardins et autres plantations humaines en faisant croire que ceci était l’œuvre des Gnomes et en récupérant quelques marchandises au passage. Il leur fallut un peu de patience avant que les hommes ne perdent la leur et se méfient des Gnomes.
Durant de longues années, ces rivalités se contentaient d’un coup vengeant l’autre, creusant le fossé entre les Gnomes et les Nains. Les Hommes, eux, restaient les éternels arbitres, cherchant sans cesse à régler les problèmes de façon amiable et pacifique.
Mais un soir de beuverie à la taverne du Poney Pas Vraiment Fringant, alors que l’ambiance semblait être à la fête, les yeux humains ne restaient jamais très loin du seul Gnome et du seul Nain présents en ces lieux. Alertes, ils épiaient le moindre geste qui aurait pu faire tourner la situation à la catastrophe. Tout se déroulait bien jusqu’au moment où le ton monta entre les deux créatures qui se disputaient quant à savoir qui des deux était la plus courte sur patte. Si au début cela faisait rire les quelques enivrés les entourant, très vite l’atmosphère tourna à la bagarre générale. Le Gnome et le Nain en vinrent aux mains avant de passer au canif et couteau puis au rasoir et à la hache. Les Hommes, eux, ne savaient pas pourquoi ils se battaient.
On aurait pensé que ceci était une simple querelle de taverne. Mais dès le lendemain, le feu embrasa toute la campagne. Les épées s’entrechoquèrent. Les hurlements et autres cris remplacèrent ceux du coq chantant la venue du jour.
Une guerre sans fin venait de naître.
Les Nains voulaient laver leur honneur et devaient, dans le même temps, protéger leur butin.
Les Gnomes, encore plus perfides que les Nains, prenaient un malin plaisir à goûter à la liberté et montaient leurs ennemis les uns contre les autres.
Les Hommes devaient protéger leurs récoltes et cherchaient à s’emparer des richesses des Nains et des Gnomes.
Les trois clans formaient parfois des alliances à deux contre un. Ces alliances se faisaient et se défaisaient au rythme des saisons.
Si bien qu’à l’instar de la naissance des peuples Nains et Gnomes, on ne sut plus comment cette querelle millénaire était survenue...
